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DÉMARCHE

Diane Laurier

Je conçois ma pratique artistique comme un principe de vie, un acte de présence au monde et une forme de connaissance. Mon travail se déploie tel un territoire de recherche, où l’art et la vie s’entrelacent dans une perspective existentielle. J’explore ainsi le désir de rendre visible l’invisible en tissant des relations entre deux pôles : la matérialité – les réalités tangibles du monde physique – et l’immatérialité – les idées, les résonances et l’esprit auxquels elles renvoient.

Ma démarche s’amorce par une action fondamentale : regarder. Observer les choses du monde pour en saisir l’essence, tenter de les comprendre au-delà de leur apparence. Souvent, ce regard prend forme à travers le geste photographique, premier déclencheur de mon processus créatif.

La photographie devient alors une manière d’interroger mon propre horizon, un moyen de témoigner des impressions et des états sensibles qu’il fait naître en moi.

Les résultats de ces explorations s’incarnent principalement dans des installations. Ces espaces, empreints d’une esthétique épurée, articulent des formes bidimensionnelles et tridimensionnelles en fonction du thème abordé. Ces thèmes surgissent de mon quotidien, d’événements vécus ou de prises de conscience liées à l’état actuel du monde.

Ma pratique convoque autant les techniques bidimensionnelles que tridimensionnelles. J’accorde une grande importance à la préservation des savoir-faire manuels et au respect de la matière. Ainsi, mes créations empruntent aussi bien aux arts plastiques (dessin, peinture, gravure, impression, collage, assemblage, modelage, sculpture) qu’au geste artisanal. C’est toujours le sujet exploré qui détermine la technique ou le medium employés. Souvent, je m’inscris dans la filiation des gestes répétés du savoir-faire traditionnel, que je revisite et actualise de manière singulière. Par exemple, j’ai transposé la technique du tapis tressé en utilisant les pages de mes journaux intimes comme matière première, ou encore détourné l’art du vitrail en jouant sur la superposition des vitres colorées plutôt que sur leur juxtaposition.

Ma pratique tridimensionnelle prend parfois la forme d’assemblages d’éléments naturels, reliés entre eux par des fils ou des cordages noués, évoquant des gestes proches de la couture. Ces constructions, souvent suspendues ou posées au sol, entrent en résonance avec mes œuvres bidimensionnelles et créent un ensemble cohérent, structuré autour d’une même idée.

En définitive, je qualifierais ma démarche comme un art du détournement, où le regard se métamorphose en matière. Le paysage, parfois si vaste en moi, devient une portion d’univers. J’aime penser qu’une part de l’univers réside dans l’œil de celui qui observe, là où le microcosme et le macrocosme s’unissent dans un même souffle.

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